(Envoi
de La Haye. — Médium, M. le baron de Kock.)
La
doctrine de la réincarnation est une vérité qui ne peut être
contestée ; dès que l'homme veut seulement penser à l'amour,
à la sagesse et à la justice de Dieu, il ne peut admettre
aucune autre doctrine.
Il est
vrai qu'on ne trouve dans les livres sacrés que ces mots :
« l'homme, après la mort, sera récompensé selon ses
œuvres ; » mais on ne fait pas assez attention à une
infinité de citations qui toutes vous disent qu'il est
complètement inadmissible que l'homme actuel soit puni pour
les fautes, les crimes de ceux qui ont vécu avant le Christ.
Je ne puis revenir sur tant d'exemples et de démonstrations
donnés par ceuxqui ont foi en la réincarnation, vous
pouvez vous-même y suppléer, les bons Esprits vous aideront,
et ce sera un travail agréable pour vous. Vous pourrez
ajouter cela aux dictées que je vous ai données et à celles
que je vous donnerai encore si Dieu le permet. Vous êtes
convaincu de l'amour de Dieu pour les hommes ; il ne désire
que le bonheur de ses enfants ; or, le seul moyen pour eux
d'atteindre un jour à ce bonheur suprême est tout entier
dans les réincarnations successives.
Je vous
ai déjà dit que ce que Kardec a écrit sur les anges déchus
est de la plus grande vérité. Les Esprits qui peuplent votre
globe l'ont pour la plupart toujours habité. Si ce sont les
mêmes qui y reviennent depuis tant de siècles, c'est que
bien peu ont mérité la récompense promise par Dieu.
Le
Christ a dit : « Cette race sera détruite, et bientôt cette
prophétie sera accomplie. » Si l'on croit en un Dieu d'amour
et de justice, comment peut-on admettre que les hommes qui
vivent actuellement, et même qui ont vécu depuis dix-huit
siècles puissent être coupables de la mort du Christ sans
admettre la réincarnation ? Oui, le sentiment de l'amour
pour Dieu, celui des peines et des récompenses de la vie
future, l'idée de la réincarnation, sont innés chez l'homme
depuis des siècles ; voyez toutes les histoires, voyez les
écrits des sages de l'antiquité, et vous serez convaincu que
cette doctrine a de tout temps été admise par tous les
hommes qui ont compris la justice de Dieu. Maintenant vous
comprendrez ce qu'est notre terre, et comment est arrivé le
moment où les prophéties du Christ seront accomplies.
Je vous
plains de ce que vous trouvez si peu de personnes qui
pensent comme vous. Vos compatriotes ne songent qu'aux
grandeurs et à l'argent, à se faire un nom ; ils rejettent
tout ce peut entraver leurs malheureuses passions ; mais que
cela ne vous décourage pas ; travaillez à votre bonheur, au
bien de ceux qui peut-être reviendront de leurs erreurs ;
persévérez dans votre œuvre ; pensez toujours à Dieu, au
Christ, et la béatitude céleste sera votre récompense.
Si l'on
veut examiner la question sans préjugés, réfléchir sur
l'existence de l'homme, dans les différentes conditions de
la société, et coordonner cette existence avec l'amour, la
sagesse et la justice de Dieu, tout doute concernant le
dogme de la réincarnation doit disparaître aussitôt. En
effet, comment concilier cette justice et cet amour avec une
seule existence où tous naissent dans des positions si
différentes ; où l'un est riche et grand, tandis que l'autre
est pauvre et misérable ; où l'un jouit de la santé, tandis
que l'autre est affligé de maux de toutes sortes ? Ici se
trouvent la joie et la gaieté ; plus loin la tristesse et la
douleur ; chez les uns l'intelligence est très développée ;
chez d'autres elle s'élève à peine au-dessus de la brute.
Peut-on croire qu'un Dieu qui est tout amour ait fait naître
des créatures condamnées pour toute leur vie à l'idiotisme
et à la démence, qu'il ait permis que des enfants au
printemps de la vie fussent ravis à la tendresse de leurs
parents ? J'ose même demander si l'on pourrait attribuer à
Dieu l'amour, la sagesse et la justice à la vue de ces
peuples plongés dans l'ignorance et la barbarie, comparés
aux autres nations civilisées où règnent les lois, l'ordre,
où l'on cultive les arts et les sciences ? Il ne suffit pas
de dire : « Dieu, dans sa sagesse, a réglé ainsi toutes
choses ; » non, la sagesse de Dieu qui, avant tout, est
amour, doit devenir claire pour l'entendement humain : le
dogme de la réincarnation éclaircit tout ; ce dogme, donné
par Dieu lui-même, ne peut être opposé aux préceptes des
saintes Écritures ; loin de là, il explique les principes
d'où émanent pour l'homme l'amélioration morale et la
perfection. Cet avenir, révélé par le Christ, est d'accord
avec les attributs infinis que Dieu doit posséder. Le Christ
dit : « Tous les hommes ne sont pas seulement les enfants de
Dieu, ils sont aussi frères et sœurs de la même famille ; »
or, ces expressions, il faut les bien comprendre.
Un bon
père terrestre donnera-t-il à quelques-uns de ses enfants ce
qu'il refuse à d'autres ? jettera-t-il l'un dans l'abîme de
la misère, tandis qu'il comblera l'autre de richesses,
d'honneurs et de dignités ? Ajoutez encore que l'amour de
Dieu, étant infini, ne saurait être comparé à celui de
l'homme pour ses enfants. Les différentes positions de
l'homme ayant une cause, et cette cause ayant pour principe
l'amour, la sagesse, la bonté et la justice de Dieu, elles
ne peuvent trouver leur raison d'être que dans la doctrine
de la réincarnation.
Dieu a
créé tous les Esprits égaux, simples, innocents, sans vices
et sans vertus, mais avec le libre arbitre de régler leurs
actions d'après un instinct qu'on appelle conscience, et qui
leur donne le pouvoir de distinguer le bien et le mal.
Chaque Esprit est destiné à atteindre à la plus haute
perfection après Dieu et le Christ ; pour y parvenir, il
doit acquérir toutes les connaissances par l'étude de toutes
les sciences, s'initier à toutes les vérités, s'épurer par
la pratique de toutes les vertus ; or, comme ces qualités
supérieures ne peuvent s'obtenir dans une seule vie, tous
doivent parcourir plusieurs existences pour acquérir les
différents degrés de savoir.
La vie
humaine est l'écolede la perfection spirituelle, et
une suite d'épreuves ; c'est pour cela que l'Esprit doit
connaître toutes les conditions de la société, et, dans
chacune de ces conditions, il doit s'appliquer à accomplir
la volonté divine. La puissance et la richesse, ainsi que la
pauvreté et l'humilité, sont des épreuves ; douleurs,
idiotisme, démence, etc., sont des punitions pour le mal
commis dans une vie antérieure.
Par le
libre arbitre, de même que chaque individu est en état
d'accomplir les épreuves auxquelles il est soumis, de même
il peut y faillir ; dans le premier cas, la récompense ne se
fait pas attendre, et cette récompense consiste en une
progression dans la perfection spirituelle ; dans le
second ; il reçoit sa punition, c'est-à-dire qu'il doit
réparer par une vie nouvelle le temps perdu pendant sa vie
précédente dont il n'a pas su tirer avantage pour lui-même.
Avant
leur réincarnation, les Esprits planent dans les sphères
célestes, les bons en jouissant du bonheur, les mauvais en
se livrant au repentir, en proie à la douleur d'être
délaissés par Dieu ; mais l'Esprit, conservant le souvenir
du passé, se rappelle ses infractions aux commandements de
Dieu, et Dieu lui permet de choisir dans une nouvelle
existence ses épreuves et sa condition, ce qui explique
pourquoi on trouve souvent dans les classes inférieures de
la société des sentiments élevés et un entendement
développé, tandis que dans les classes supérieures on trouve
souvent des penchants ignobles et des Esprits très bruts.
Peut-on parler d'injustice quand l'homme qui a mal employé
sa vie peut réparer ses fautes dans une autre existence, et
parvenir à son but ? L'injustice ne serait-elle pas dans une
condamnation immédiate et sans retour possible ? La Bible
parle de punitions éternelles ; mais cela ne saurait
réellement s'entendre pour une seule vie, si triste, si
courte ; pour cet instant, ce clin d'œil relativement à
l'éternité. Dieu veut donner le bonheur éternel en
récompense du bien, mais il faut le mériter, et une seule
vie de courte durée ne suffit pas pour y atteindre.
Beaucoup
demandent pourquoi Dieu aurait caché si longtemps aux hommes
un dogme dont la connaissance est utile à leur bonheur ?
Aurait-il donc moins aimé les hommes qu'il ne le fait
maintenant ?
L'amour
de Dieu est de toute éternité ; il a envoyé aux hommes pour
les éclairer des sages, des prophètes, le sauveur
Jésus-Christ ; n'est-ce pas une preuve de son amour infini ?
Mais comment les hommes ont-ils reçu cet amour ? se sont-ils
améliorés ?
Le
Christ a dit : « Je pourrais vous dire encore bien des
choses, mais vous ne sauriez les comprendre en votre état
d'imperfection », et si l'on prend les saintes Écritures
dans le vrai sens intellectuel, on y trouve beaucoup de
citations qui semblent indiquer que l'Esprit doit parcourir
plusieurs vies avant de parvenir à son but ? Ne trouve-t-on
pas également dans les œuvres des philosophes anciens les
mêmes idées sur la réincarnation des Esprits ?
Le monde
a bien avancé, sous le rapport matériel, dans les sciences,
dans les institutions sociales ; mais, sous le rapport
moral, il est encore très arriéré ; les hommes méconnaissent
la loi de Dieu et n'écoutent plus la voix du Christ ; c'est
pourquoi Dieu, dans sa bonté, leur donne comme dernière
ressource, pour arriver à connaître les principes du bonheur
éternel, la communication directe avec les esprits et
l'enseignement du dogme de la réincarnation, paroles pleines
de consolation et qui brillent au milieu des ténèbres des
dogmes de tant de religions différentes.
A
l'œuvre ! et que la recherche s'accomplisse avec amour et
confiance ; lisez sans préjugés ; réfléchissez sur tout ce
que Dieu, depuis la création du monde, a daigné faire pour
le genre humain, et vous serez confirmés dans la foi que la
réincarnation est une vérité sainte et divine.
Remarque.
Nous n'avions pas l'honneur de connaître M. le baron de
Kock ; cette communication, qui concorde avec tous les
principes du Spiritisme, n'est donc le fait d'aucune
influence personnelle.